La légitime rebellion

Voilà 15 ans que je n'ai plus 18 ans, pourtant lorsque je regarde mon père, j'ai toujours la même intuition, le même ressenti.

Ce sentiment je le traduirais comme ça:
"Ne lui ressemble surtout pas" ou "Ne fais pas de compromis avec le monde de l'argent" ou encore " ne sois pas mou" ou bien encore " Ne t'etouffe pas avec les osties ça rend infirme".

Voici donc un élan de rebellion qui me traverse.
Avec les années j'ai appris que mon père ne changerait pas.
Je ne lui fais pas partager la frayeur qu'il m' inspire.

Je l'accueille donc chez moi et je me montre attentif à tout ce qu'il est en mesure de partager.

Mon père est normal, il n'est pas excessif il est plutôt prudent. Il n'est pas agressif, il est plutôt arrangeant. Il n'est pas malhonnête, il applique bien les règles du monopoly.
Lorsque le vent océanique soulève sa mèche, il se recoiffe, lorsque la pluie vient à mouiller son crâne il rouspète.

A la kermesse de la paroisse il parle avec tout le monde, même aux plus vieux avec une patience infinie qui peut durer plusieurs heures.
Soeur Marie-Solange le trouve formidable.
Et si c'est un ange, alors je veux être le diable, car pour moi sa compassion n'est que pitié, son affliction n'est qu'un costume.
Grâce à lui j'ai le rhume des coutumes!
Je suis allergique aux sincères condoléances comme aux chaudes poignées de main de la paix du christ.

Comment vous expliquez ? Son "noir" préféré c'est Melchior celui qui nous donne le droit de manger des bonnes galettes à la frangipane en janvier.

Son arabe préféré?
Il aimerait bien en avoir un..., ha oui! C'est Yannick Noah.

Selon lui les chinois font très bien la cuisine.
Selon lui, toujours, il faut être "ouvert d'esprit", c'est pourquoi il a choisi Véolia (énergie du futur) pour investir en bourse.

Pour lui c'est normal que quelqu'un qui à reçu "une bonne éducation" ait un meilleur niveau de vie qu'une personne moins instruite.

Il est à ses yeux évident, que hélas, la "masse" populaire ne puisse pas saisir le raffinement du bon goût et "c'est encore plus vrai dans le domaine de l'art!"

Tous "ces pauvres gens" sont bien à plaindre, "ils" n'ont pas la vie facile.

Mon père est désolé par "la crise", il aimerait bien que tous les ouvriers aient du travail, vraiment, "ça serait tellement mieux pour tout le monde!".

Mon père a bon coeur, c'est pourquoi, chaque année il finance la scolarité d'une enfant d'Afrique, "ben oui, parceque en Afrique les filles sont bien plus travailleuses que les hommes!".
Il en sait des choses mon papa.

Et il est fort aussi, quand il était jeune entre 20 et 30 ans, il jouait au tennis et il était pas mauvais!
C'était autre chose que ces drogués barbus qui partaient pour l'Inde!

Et ça l'empêchait pas de savoir s'amuser et de danser le twist en chantant "Help" des Beatles par coeur!

Bref, mon père est normal.

oui , ton père est normal et je le crois sincère , c'est juste un manque de connaissance de ceux qu'il ne connait pas .

peut être , en effet , a t il le tort de ne pas chercher davantage à les connaitre , peut être pourrais tu lui en parler

et lui dire aussi que yannick noah n'est pas arabe , mais là je crois que c'est toi qui te moques méchamment

Salut Xabi...

Comme toi, mon père me colle à la peau.

Le sang qui coule dans mes veines est le sien, ma manière de penser et de m'identifier est teinté de l'éducation qu'il m'a donné. Ma manière de bouger lui ressemble et je t'avoue qu'il n'avait pas beaucoup le groove.
Quand je me plaint en disant que la vie c'est pas évident, c'est que j'ai entendu ce 45 tours toute mon enfance. Mon indélicatesse et mon incompréhension de l'être féminin, je la lui doit aussi.
Mais il m'a aussi donné, un peu d'affection, un sens parfait de l'honnêteté, je tient aussi de lui ma simplicité, ma rigueur, et une imperturbable droiture.
Avec le temps j'ai appris à faire la part des choses, j'ai du faire beaucoup de ménage et de rangement.
Il y a des choses en moi, de lui, que j'aime faire vibrer. Il y en a d'autre que j'ai jeté à la poubelle ou faites brûler.
Aujourd'hui j'avance en ayant conscience de mes origines, et je continue de régler mon histoire personnelle.
Je suis même en train d'aborder une relation avec une femme comme je ne l'avait jamais fait, en l'aimant (enfin y a du boulot encore).
Alors voilà, aujourd'hui je peux dire que j'aime mon père pour ce qu'il a été, mais j'ai conscience que j'ai la responsabilité d'aller bien plus loin que lui.

Géronimo.

Xabi, En regardant ma mère, j'ai moi aussi eu l'information pressante à certains moments de "Ne lui ressemble surtout pas"!

je pense tout comme Damana qu'il est naturel de se rebeller contre les attitudes médiocres, surtout celles de nos parents, car sans que notre volonté ne puisse intervenir, nous leur ressemblons.

Je pense qu'il s'agit d'une attitude intelligente, faire mieux que l'exemple que l'on nous met sous le nez.Faire le tri, prendre ce qu'il y a de bon et se délester du reste.

L'adolescence est un excellent moment pour faire le ménage! Le regard tranchant qui nous est donné nous offre la vision 3D. Le personnage si habituel que représente nos parents est alors VU dans ces moindres contours!

Nous pouvons nous fondre alors à notre tour dans la société qui accueille notre vie d'adulte, ou bien garder cet esprit rebelle, critique, et refuser d'admettre les "c'est comme ça"!

La rebellion ne serait-elle pas le moyen de suivre une voie personnelle et créative? Pour moi la réponse est Oui, à condition que nous soyons capables de reconnaitre les justes valeurs que contiennent nos semblables, et donc de les approuver!

Natacha,

Je suis de part ma situation professionnelle dans un cadre où les injustices sont légions et la mauvaise foi de mise pour masquer une irresponsabilité toujours croissante.
Le conformisme social, le matérialisme moderne marche mieux que l’opium du peuple. C’est l’anesthésie de la créativité et l’apathie de la conscience.

A force de constater cela quotidiennement, j’ai été obligé d’adopter une position.

Dans un premier temps, cela a provoqué un énervement, une révolte, un pourquoi !
Je me suis débattu, mais j’ai très vite vu que face à la nique organisée du monde je ne pouvais me battre, j’ai donc accepté de perdre.
J’ai pourtant continué de cultiver en moi un sentiment d’injustice face au fonctionnement du monde jusqu’à perdre mon bonheur d’exister.
Je me suis retrouvé au fond de l’entonnoir, les parois lisses de mes propres explications m’empêchaient d’atteindre la surface, la seule solution, faire confiance et passer dans le trou.
J’ai réellement lâché mes propres explications au profit d’un vide volontaire pour remplacer ce « pourquoi ».
Au bout de plusieurs semaines à accepter ce monde insensé, j’ai eu ma réponse :

Puisque les valeurs que tu transportes s’opposent à ce monde fou, soit plus fou que le monde et affirme tes propres valeurs, porte les comme les couleurs de ta patrie substantielle, soit fier de ta nation où l’amitié universelle est la nouvelle révolution.
Soit belle et rebelle !

Celui ou celle qui constate que le monde va mal porte déjà en lui la responsabilité de le changer !

Cheguevharoun

Pour vivre librement ma rebellion, je suis devenu terroriste.

J'ai déjà une petite expérience d'artisan artificier mais là où je me sens le plus à l'aise c'est dans le combat rapproché ou je pratique la masse et le rabot.

La masse est un outil magnifique, c'est comme un marteau en plus intelligent. On peut l'abattre de tout son poids pour un impact maximun comme carresser le "sujet" pour opérer un déplacement milimètré de la matière. C'est sublime.

Un rabot bien aiguisé est un objet à la fois rudimentaire et parfait. Si son utilisateur respecte le fil du bois il obtiendra un chanfrein droit et régulier synonyme de douceur et de maîtrise.

Je suis donc un terroriste, je traque l'orgueil, la paresse et la malhonnêteté. Mes débuts furent difficile car j'étais moi-même un sujet très contaminé, notamment par la suffisance bourgeoise et le calcul intéressé.

Citation :

Je suis de part ma situation professionnelle dans un cadre où les injustices sont légions et la mauvaise foi de mise pour masquer une irresponsabilité toujours croissante

Haroun.

Devant ce constat, qui est également le mien, je suggère de mener une guerilla collective contre l'égoïsme quotidien et le mépris commun.

Chacun à son poste! Vous pouvez tous exercer vos talents dans l'anonymat de votre vie quotidienne.

D'ailleurs, en rendant visite à mon vieux copain Paul Amploa qui tient une agence d'intérim, j'ai vu que l'esprit de vérité recrutait en ce moment :

-Des snipeuses embusquées
-Des infiltrés insoupçonnables
-Des artilleurs généreux
-Des lançeuses de couteaux
-Des stratèges audacieux
-Des castagneurs sensibles
-Des acrobates silencieux
-Des furies contrôlées
-Des chauffeurs à sang froid
-Des lutteuses Bielo-Russes
- Et bien d'autres postes sont encore à pourvoir!

Les rebelles, les fachés, et les hors-la-loi ont leurs places auprès de l'intention.

Xabi a écrit:

Citation :

Je suis donc un terroriste, je traque l'orgueil, la paresse et la malhonnêteté. Mes débuts furent difficile car j'étais moi-même un sujet très contaminé, notamment par la suffisance bourgeoise et le calcul intéressé.

C'est bien cela, Xabi: le rebelle de l'intention assiège en tout premier lieu sa propre bastide mentale. Il dissout patiemment les cadres conceptuels établis (son conditionnement), en modifiant ses élans égocentriques.
Il contemple sa vraie nature. Il trouve l'autre.

La rébellion est légitime lorsqu'elle propose une attitude qui rehausse véritablement les valeurs contestées.
Le rebelle de l'intention ne se bat pas "contre". Il oeuvre "pour"...

Salut Haroun,

tu as dis:

Citation :

Puisque les valeurs que tu transportes s’opposent à ce monde fou, soit plus fou que le monde et affirme tes propres valeurs, porte les comme les couleurs de ta patrie substantielle, soit fier de ta nation où l’amitié universelle est la nouvelle révolution.

Cette attitude me parle bien.
Pour moi, la révolution que tu évoques ne peut être réellement efficace que dans le cadre de notre sphère personnelle.
Si il doit y avoir une lutte contre la folie, c'est qu'elle nous concerne malgré nous et que nous en sommes les premières victimes inconscientes.

S'acharner contre un monde fou équivaut à une perte d'énergie assurée pour un résultat improbable.

L'intention ne demande pas d'attaquer la folie et le mensonge de front.
Quand sa lumière révélatrice investit un individu, elle l'éclaire sur ses propres contradictions.
Mais surtout, elle oriente son influence sur les qualités contenus, pour en encourager la prise en main.
C'est cette prise en main soutenu qui crée la conviction et ce que l'on appelle l'amour.

La conviction de l'amitié universelle nait d'une compréhension supérieure de la nature humaine et de ses besoins.

Cette conviction change la vision du monde et concentre notre attention sur le beau, le vrai, la justesse et le partage.

le sentiment de révolte est destiné à disparaitre du cœur de ceux qui ont choisi de s'engager dans les sentiers fleuris et parfumés de l'amitié universelle.

je partge tout à fait cette vision amadeus !

merci !

Amadeus a écrit:

Citation :

L'intention ne demande pas d'attaquer la folie et le mensonge de front. Quand sa lumière révélatrice investit un individu, elle l'éclaire sur ses propres contradictions. Mais surtout, elle oriente son influence sur les qualités contenues, pour en encourager la prise en main.

Je trouve cette intervention très juste. Elle suggère que nous devons avant tout être des rebelles de la contradiction intime, des rebelles de la passivité, du mensonge personnel et de la justification qui l'accompagne.

Et il est vrai que cette élan de "révolte légitime" ne peut trouver d'issue qu'au travers d'une exploitation positive de notre nature.

Dans le texte initial de ce topic, Xabi dit de son père:

Citation :

"Ne lui ressemble surtout pas" ou "Ne fais pas de compromis avec le monde de l'argent" ou encore " ne sois pas mou" ou bien encore " Ne t'étouffe pas avec les osties, ça rend infirme". Voici donc un élan de rébellion qui me traverse. Avec les années j'ai appris que mon père ne changerait pas. Je ne lui fais pas partager la frayeur qu'il m'inspire.

La frayeur dont parle Xabi pourrait être la peur de sa propre mollesse, de ses propres compromis, la peur de lui-même s'étouffer et de devenir un infirme substantiel...
Ces peurs sont légitimes et, à travers elles, Xabi est mis face sa capacité à s'accorder à l'esprit de vérité. Pour ce faire, il ne semble ne pas pouvoir s'inspirer du modèle paternel. Il est donc le seul maître à bord.
Il faut apprendre à diriger le navire tout en réglant les mutinerie intérieures qui constellent la traversée.