La miséricorde

Rappel du premier message :

C'est un vieux dossier, un peu poussiéreux...
Je l'ai déjà sorti de l'armoire à plusieurs reprises, et refermé faute de solution adaptée. Un vieux dossier qui m'encombre patiemment depuis des années. Un bout d'histoire personnelle mal ajusté, qui trouve moyen de me déranger dans de nombreux détails épars de mon quotidien.
Hier, j'ai ressorti ce vieux dossier.
Une information nouvelle venait de me parvenir : cherche du côté de la miséricorde, tu y trouveras ta solution, et même, certains secrets essentiels y sont cachés...

La miséricorde, ce mot a de quoi effrayer : tout collant d'histoire chrétienne ! Et pourtant. Je pressens bien qu'il y a un secret, glissé entre le tranchant du jugement et l'intelligence et la douceur de la patience... Quelque chose qui aurait à voir avec le pardon...

Je me promène donc, l'esprit en alerte, prête à capter toute information complémentaire... Si vous avez quelque chose en magasin pour moi, n'hésitez pas !

Je suis d'accord avec toi Haroun. Il ne faut pas confondre miséricorde et amitié universelle.
L'amitié universelle est l'expression de la miséricorde.
La miséricorde est pour moi le fruit d'une analyse intelligente sur les situations. Arriver à mettre de côté ses frustrations, et autres blessures pour mieux voir les origines de ses situations.

pourquoi cette personne réagit-elle ainsi?
Quelles sont les origines de ses réactions?
Pour moi c'est la que démarre la miséricorde.

Si je comprend bien...

La miséricorde, c'est de comprendre le monde et son conditionnement dans son ensemble.

De voir, que dans le cheminement de l'homme pour son épanouissement personnel, il lui faudra du temps pour se libérer et se découvrir.

D'accepter que même dans la confusion et l'imperfection, l'intention nous atteint quand même, et que l'opportunité d'avancer nous est toujours proposée.

Je n'ai pas grand chose de plus à dire sur ce sujet, mais j'ai envie de citer un petit passage de Lao- tseu qui m'inspire la miséricorde:

Citation :

" La bonté suprême est comme l'eau qui favorise tout et ne rivalise avec rien.

En occupant la position dédaignée de tout humain, elle est proche du Tao.

Sa position est favorable.

Son coeur est profond.

Son don est généreux.

Sa parole est fidéle.

Son gouvernement est en ordre parfait.

Elle remplit sa tâche.

Elle agit à propos.

En ne rivalisant avec personne, elle est irréprochable."

Géronimo.

Bonté divine ! Que de pécheurs par ici !


La miséricorde, il est vrai, est un sujet ardu. Et inspirant.

Malgré son appartenance à la religion chrétienne, je ne trouve pas cette valeur galvaudée.

Je ne viendrais pas renchérir sur la critique des religions actuelles et leurs piètres interprétations souvent avilies.

J'ai eu beau chercher, je n'ai pas encore trouvé de mot pour remplacer celui-ci.

L'amitié universelle, quant à elle, je ne la ressens que comme une des expressions de la miséricorde.

Pourquoi la miséricorde ?

Pour créer de la consistance à la foi.

Au travers de cette expérience qui se présente dans nos vies sous de multiples formes : agressions verbales, physiques, psychologiques, je parle là de réelles souffrances ou d'un état d'adversité profond, il nous est demandé par l'intermédiaire de notre libre-arbitre de faire un choix primordial.

Celui de la colère et de la rancune infinie ou celui de s'élever à une valeur hautement plus spirituelle.

Le chemin vers cet état de grâce ne peut-être, inéluctablement, que progressif et encore une fois participatif.

Nous ne naissons pas miséricordieux, ça s'apprend.

J'imagine que comme moi, vous vous êtes déjà trouvés dans ce style de situation périlleuse où l'animalité humaine est à fleur de peau et bien, c'est là où il faut trouver la force d'opérer une victoire sur soi-même pour goûter aux saveurs indicibles de l'humilité et de la miséricorde.

Quand je pense à quel point la vie est généreuse et patiente envers moi, ainsi qu'aux nombreuses chances qui me sont données pour évoluer, il est normal de générer et de rayonner à mon tour de cette même dynamique.


Emmanuelle

Bonjour à tous,

En lisant l'évolution de ce topique, j'en profite pour réviser mon approche du concept de la "miséricorde".

Je conviens qu'il est important de savoir nuancer, et que les valeurs les plus subtiles peuvent se cacher dans des concepts apparemment "désuets".

Il n'appartient qu'à nous de savoir réactualiser des valeurs ancestrales en utilisant un vocabulaire moderne et des références plus proches de notre époque.

Personnellement, c'est l'imagerie chrétienne accroché sur le mot qui me déplait.

Et si je regarde bien dans mon expérience personnelle, je peux constater qu'à plusieurs reprises dans ma vie, j'ai du faire preuve de "miséricorde" pour avancer et me libérer du sentiment d'injustice.

Je cite Emmanuelle:

Citation :

Celui de la colère et de la rancune infinie ou celui de s'élever à une valeur hautement plus spirituelle.

Le chemin vers cet état de grâce ne peut-être, inéluctablement, que progressif et encore une fois participatif.

Nous ne naissons pas miséricordieux, ça s'apprend.

C'est vrai, L' Intention Universelle apprend à tous ceux qui respectent sa présence comment se comporter face a l'agression du monde.

Mais je pense aussi que plus j'avance dans mon alliance avec elle, plus je comprends le monde.
Je le vis de moins en moins comme une agression et j'appréhende ses assauts comme autant de défis qui m'invitent à aller puiser dans des ressources insoupçonnables de connaissances.

Oui, Amadéus, je trouve ta dernière intervention plus fine.
Intuitivement, j'ai toujours senti que le terme de " miséricorde " dépassait celui de " pardon " .
Je pardonne à quelqu'un qui me blesse involontairement...
Il y a une notion d'ignorance que je ne peux me permettre de mettre de côté, moi qui suis plus âgée et donc plus expérimentée que celui qui me blesse, par exemple.

La notion de miséricorde me semble beaucoup plus subtile:
Elle plonge ses racines dans mes entrailles.
Le terme d'injustice, évoqué plus haut, peut s'avérer faible face à certaines atteintes morales ou physiques, perpétrées par une personne sur une autre.
J'ai eu la chance de ne jamais connaître de telles injustices, mais mon coeur me dit que, malgré cela, je peux connaître ce sentiment de miséricorde: pardonner même au-delà de l'impardonnable.
Aliénor.

Bonjour à tous,
Nathacha tu écris:

Citation :

Je parle d'une attitude intime car pour pouvoir proposer la miséricorde, il faut d'abord trouver en soi un espace dénué de conflits, dégagé du jugement.
On peut alors regarder l'autre avec un détachement nouveau, qui fait que nous ne dépendons plus de ses actions, ou réactions.

Oui, je suis d'accord avec toi: c'est vraiment une attitude intime qui nous pousse à nous surpasser, à nous oublier.
Comme le dit Emmanuelle, cela fait appel à notre foi.
Une progression volontaire dans l'attitude d'amitié universelle au cours de ma vie, a fait grandir ma foi.
Malgré mon imperfection, je suis à même de pouvoir observer un changement irréversible de mon regard sur le monde, sur les personnes qui m'entourent.
Cette démarche m'amène à plus de compréhension.
Celle-ci s'affine avec le temps et s'approfondit: je peux regarder l'autre avec plus de recul et l'accompagner avec plus de sagesse.
Comme tu le dis, Emmanuelle, cela s'apprend.
Aliénor.